samedi 8 décembre 2012

Quai du Port des Champs Elysées : la ruée vers l'or !


Blogspot ne m’autorise plus aucune photo.
J’ai, parait-il, épuisé mon quota.
Moules à gaufres !  Grosses moules !
     
     Parti du Grand palais, où j’ai vu la belle expo des toiles et des papiers d’Edward Hopper, avec de lumineuses lumières chaudes n’éclairant que des paysages souffrant, sur la pointe des pieds, la vacuité humaine, et toujours la même femme, la sienne !
     Je traverse le dangereux Cour de la Reine pour tenter d’atteindre les quais de la Seine et, en contrebas, le Port des Champs-Elysées. Je suis à la recherche de ces arbres sur les bords de la Seine, tailladés, avec des cœurs, certains percés d’une flèche, et des inscriptions sentimentales, le tout sculpté  dans l’écorce blanche de l’arbre.
     Et voir ce que sont devenues ces terribles cicatrices que j’avais photographiées dix ans plus tôt.
     Il se trouve que ces arbres ne sont pas sur ce quai, mais bien plus loin,  sur le quai du Port des Tuileries, sous le Pont des Arts, celui dont le parapet est lesté de cadenas.
    Je déambule donc le long de la Seine… La Brigantine, La Véga, L’astrolabe, Le Cid, La Jerden, La Tobi-Joan, que de noms pour rêver… Le chaland qui passe… Bicolores, tricolores. Noir, blanc, bordeaux, vert, beige, marron, bleu, jaune vif, vermillon, noir encor’ et puis blanc. Des ancres.
     Il va sans dire que j’aime les inscriptions taillées dans l’écorce, traces et preuves d’un amour qui ne donnera que ce qu’il peut en fonction des avanies, du temps et des caractères. Je les préfère de très loin aux cadenas censés barrer et cadenasser l’avenir radieux des amoureux, de très loin aux lourds cadenas conjugaux, qui grincent les dents, formant une chaîne près de l’eau, comme pour arrêter le fleuve,  objets de sûreté dont il n’y a rien d’autre à espérer que la rouille et le vert-de-gris. Tas de ferrailles pour un cimetière annoncé. Amour Tombal ! Plouf !

     Donc, je traverse le Cour de la reine, encombré par les voitures bruyantes et fumantes, traversée difficile, et dans la foulée, à peine ai-je posé le pied sur la bordure granitique de l’autre versant de la chaussée, je remarque une alliance perdue dans le caniveau.                 (Décidément les anneaux de l’amour sont de sortie aujourd’hui !)  
     De l’or ?  Je le convoite immédiatement !  Mais sans précipitation excessive !
    Surgit de nulle part, une jeune femme me précède et ramasse l’anneau. Diantre, j’aurais eu l’air bêtement vénal et j’aurais rougi de honte si je m’étais précipité pour le ramasser. Je l’ai échappé belle.
     La jeune femme me demande avec un accent que j’imagine autrichien (une étudiante pas très riche, en visite à Paris) :  est-ce à vous cette bague ? 
     Je m’empresse de répondre : non !
Et je commence à repartir de mon coté.
Elle m’interpelle à nouveau : pouvez-vous me dire si c’est de l’or ?
     Je suis un peu surpris, elle me tend la bague, je la prends entre mes doigts, la tourne et regarde un poinçon à l’intérieur en lui disant : c’est probablement de l’or, portez-là chez un bijoutier, il vous le dira.
Et je lui tends l’objet qu’elle reprend.
Je poursuis mon chemin.
     Elle fait quelques pas pour me rattraper et me dit : prenez-la, elle est trop grande pour moi et je n’ai personne à qui l’offrir.
     Je re-convoite l’or ! Je me dis, il faut nous arrêter là, j’en ai marre de cette histoire autour de la bague, elle me l'offre, finissons-en, et puisque c’est moi qui la détient  maintenant, je peux partir le cœur léger et riche de beaucoup d’illusions.
     Et je vais mon bonhomme de chemin, guilleret, photographier les arbres du bord de la Seine, ceux qui sont gravés par les amoureux de tous les pays.
On me tape sur l’épaule.
C’est elle. Vous n’auriez pas deux ou trois euros ?
La bague ne vaut rien.
Elle n'était qu'un prétexte en vue de demander : vous n’auriez pas deux  ou trois euros !
La jeune femme mérite largement son salaire. Elle a très bien joué son rôle pour arriver à cette fin : vous n’auriez pas deux  ou trois euros !
Bravo à elle !
Je lui rend la bague pour qu'elle puisse continuer avec d'autres ses activités !
Depuis longtemps, il n'y a plus de Roms en Autriche !

7 commentaires:

  1. AH le coup de la bague ! j'en ai déjà causé sur mon blog car j'y ai eu droit moi aussi, mais du côté d'Opéra.

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  2. Le coup de la bague (suite et fin)

    Tu tapes "coup de la bague en or" sur ton moteur de recherche favori, il a tout plein d'explications. Moi, c'était une robuste manouche qui a tenté, la même que j'ai revue un mois après devant le Printemps, tentant sa chance avec une américaine qui pigeait que dalle... insuccès total, la touriste ne parlais pas français.

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  3. J'ai une infinie tendresse pour toutes les stratégies qui consistent à soutirer même un seul euro à l'un de nos contemporains.
    Et même quand c'est à mes dépend !
    C'est de bonne guerre !
    Il me semble qu'il n'est de meilleur commerce que ce commerce là ...
    Le paradigme de l'échange de base !

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  4. Oui, mais le problème, c'est que ça marche pas fort. Et puis question échange. à part un bon foutage de gueule à sens unique... Quand j'habitais Place Monge y avait un clodo (à l'époque on disait comme ça) qui me tapait régulièrement en me disant que c'était pour se payer son kil de rouge. J'ai toujours donné !
    Ce soir sortant du Monop, j'ai encore croisé cette femme d'une cinquantaine d'années qui vit dans le coin et qui fait la manche son portable dans une main, une clope dans l'autre...

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  5. C'est sûr que si elle fait la manche les deux mains occupées, elle doit avoir du mal à récupérer la monnaie !
    C'est un paradoxe, deux mains valides alors que la manche, c'était à l'origine pour inspirer la pitié, faire semblant d'être manchot en reppliant sa manche avec une épingle !
    Quand au foutage de gueule, il n'est pas tant à sens unique puisqu'il m'a obligé à réfléchir aux apparences et aux illusions qu'elles inspirent, à ma soif archaïque d'or, etc !
    Et puis que ça rapporte ou non, la manche ce n'est pas un truc de tout repos !
    Et tout peine mérite un salaire.
    Par exemple le mec qui jouait (heu, je ne sais même plus quel instrument !) durant la queue, deux heures pour Hopper, ce qui comptait, ce n'est pas qu'il soit musicien ni qu'il tente de nous distraire mais qu'il se caille de froid les doigts en jouant. On donne pour la souffrance !
    On est des vrais cons, j'adore ! Il tombe raide gelé, je donne un billet ! Il meut, j'y paie une couronne !
    Bon j'arrête de faire mon Céline à deux ronds.
    A part ça Celuck a dit pour Depardieu (quel patronyme !) : la Belgique ne peut pas accueillir toute la richesse du Monde !

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  6. Je suis bien d'accord, la manche c'est pas de tout repos. Et contrairement aux voleurs, pour lesquels j'ai beaucoup de sympathien du moment qu'ils volent es autres
    On donne pour la souffrance ?
    Des clous ! on donne pour la bonne conscience, à savoir la nôtre en particulier !
    Pour ce qui est de Geluck, la question se pose pas puisuq'il est déjà belge...

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  7. Ha oui, tu as raison, j'avais oublié, les indulgences, on rachète son âme !
    Faut dire que question culture religieuse, je suis un peu court vêtu !

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Légers-légers, soutenus-soutenus, compris, okay, capito bene, entendu, d'ac', assurément, oui, soit, lu et approuvé, j'ai votre acquiescement, conformément, selon ce protocole, en toute symétrie, avec votre assentiment, comme convenu, à l'unanimité, à l'unisson ?
Bon, ça roule !