Blogspot ne m’autorise plus aucune
photo.
J’ai,
parait-il, épuisé mon quota.
Moules
à gaufres ! Grosses moules !
Parti du Grand palais,
où j’ai vu la belle expo des toiles et des papiers d’Edward Hopper, avec de
lumineuses lumières chaudes n’éclairant que des paysages souffrant, sur la
pointe des pieds, la vacuité humaine, et toujours la même femme, la sienne !
Je traverse le
dangereux Cour de la Reine pour tenter d’atteindre les quais de la Seine et, en
contrebas, le Port des Champs-Elysées. Je suis à la recherche de ces arbres sur
les bords de la Seine, tailladés, avec des cœurs, certains percés d’une flèche,
et des inscriptions sentimentales, le tout sculpté dans l’écorce blanche de l’arbre.
Et voir ce que sont
devenues ces terribles cicatrices que
j’avais photographiées dix ans plus tôt.
Il se trouve que ces
arbres ne sont pas sur ce quai, mais bien plus loin, sur le quai du Port des Tuileries, sous le
Pont des Arts, celui dont le parapet est lesté de cadenas.
Je déambule donc le long
de la Seine… La Brigantine, La Véga, L’astrolabe, Le Cid, La Jerden, La
Tobi-Joan, que de noms pour rêver… Le chaland qui passe… Bicolores, tricolores.
Noir, blanc, bordeaux, vert, beige, marron, bleu, jaune vif, vermillon, noir
encor’ et puis blanc. Des ancres.
Il va sans dire que j’aime
les inscriptions taillées dans l’écorce, traces et preuves d’un amour qui ne donnera
que ce qu’il peut en fonction des avanies, du temps et des caractères. Je les préfère
de très loin aux cadenas censés barrer et cadenasser l’avenir radieux des amoureux,
de très loin aux lourds cadenas conjugaux, qui grincent les dents, formant une chaîne
près de l’eau, comme pour arrêter le fleuve, objets de sûreté dont il n’y a rien d’autre à
espérer que la rouille et le vert-de-gris. Tas de ferrailles pour un
cimetière annoncé. Amour Tombal ! Plouf !
Donc, je traverse le
Cour de la reine, encombré par les voitures bruyantes et fumantes, traversée
difficile, et dans la foulée, à peine ai-je posé le pied sur la bordure
granitique de l’autre versant de la chaussée, je remarque une alliance perdue
dans le caniveau. (Décidément les anneaux de l’amour sont de
sortie aujourd’hui !)
De l’or ? Je le convoite immédiatement ! Mais sans précipitation excessive !
Surgit de nulle part,
une jeune femme me précède et ramasse l’anneau. Diantre, j’aurais eu l’air bêtement
vénal et j’aurais rougi de honte si je m’étais précipité pour le ramasser. Je l’ai
échappé belle.
La jeune femme me
demande avec un accent que j’imagine autrichien (une étudiante pas très riche, en
visite à Paris) : est-ce à
vous cette bague ?
Je m’empresse de
répondre : non !
Et je commence à repartir de mon coté.
Elle m’interpelle à nouveau : pouvez-vous me dire si c’est de l’or ?
Je suis un peu surpris,
elle me tend la bague, je la prends entre mes doigts, la tourne et regarde un
poinçon à l’intérieur en lui disant : c’est
probablement de l’or, portez-là chez un bijoutier, il vous le dira.
Et je lui tends l’objet qu’elle reprend.
Je poursuis mon chemin.
Elle fait quelques pas
pour me rattraper et me dit : prenez-la,
elle est trop grande pour moi et je n’ai personne à qui l’offrir.
Je re-convoite l’or !
Je me dis, il faut nous arrêter là, j’en ai marre de cette histoire autour de la
bague, elle me l'offre, finissons-en, et puisque c’est moi qui la détient maintenant, je peux partir le cœur léger et
riche de beaucoup d’illusions.
Et je vais mon bonhomme
de chemin, guilleret, photographier les arbres du bord de la Seine, ceux qui
sont gravés par les amoureux de tous les pays.
On me tape sur l’épaule.
C’est elle. Vous n’auriez
pas deux ou trois euros ?
La bague ne vaut rien.
Elle n'était qu'un prétexte en vue de demander : vous n’auriez pas deux ou trois euros !
La jeune femme mérite largement son salaire. Elle a très bien joué son rôle pour arriver à cette fin : vous n’auriez pas deux ou trois euros !
Bravo à elle !
Je lui rend la bague pour qu'elle puisse continuer avec d'autres ses activités !
Depuis longtemps, il n'y a plus de Roms en Autriche !