Le
passé-présent
Je lis ce livre sur Suzanne Valadon écrit par Jeanne Champion
et j’y découvre (comme un béotien !)
Edgar Degas.
Le peintre a le sens de l’observation très développé. Je dis,
il a et non pas, il avait. Ce peintre est devenu immortel. Et moderne comme
beaucoup d’immortels !
Il a déjà conscience de ce qui aujourd’hui est devenu une
banalité, la versatilité du spectateur de peintures, le retournement des
critiques qui un jour vous encensent et l’autre vous accablent.
Mais il peut aussi dire « rien
n’est impossible à l’homme, ce qu’il ne peut faire, il le laisse. » Ce
qui signifie, non pas qu’on baisse les bras devant la difficulté, mais qu’on
abandonne lorsqu’à avoir trop essayé, en
vain, on échoue. Cela réclame beaucoup plus de travail que ce qu’on réussit.
Il quitte assez vite des milieux artistiques convenus, d’autant
plus qu’ils se veulent inconvenants; lorsqu'on lui demande pourquoi êtes-vous
orgueilleux, il répond : « parce
que je suis modeste. La modestie va avec l’orgueil, on les confond souvent. »
Avare comme un personnage de Balzac peut l'être, il se dépouille de sa fortune au profit d’un parent
nécessiteux. Il s’en sépare comme pour se libérer des contraintes de l'argent, ne gardant que les
tableaux qu’il achète « qui porte en
eux la passion » et qu’on retrouve accrochés chez lui.
Il conseille Suzanne Valadon : « regardez donc de plus près l’homme à qui
vous voulez céder ; ça vous évitera bien des déshabillages ! »
Mais aussi cet autre conseil : « lorsque
vous faites un portrait, ayez toujours cette idée en tête, il n’y a pas au monde
deux êtres semblables… même chez les Nègres ! »
Il observe l’expression des gestes, les mouvements. « On devrait demander au modèle de bouger
constamment ! » Mais comment traduire l’expression de ce qui est
fugitif, de l’instabilité du corps, de la précarité des sentiment ? Du
changement permanent de la vie ? « En refaisant sans cesse le mêmes portraits…chacun annonce le suivant.
Avec des craies et du fusain qui donnent le mouvement aux ombres. Sans oublier ceci : la lumière
circule toujours… »
Bon gars ce Degas.
La belle Suzanne qui fut aussi le seul et unique amour de Satie...
RépondreSupprimerEric Satie était fou d'elle, mais elle lui a préféré son ami, riche ami, Paul Mousis, avec qui elle s'est mariée.
RépondreSupprimerCes richesses lui ont permis et de vivre et de peindre et de faire vivre sa mère et son fol fils Maurice (Utrillo), assez tôt toxicomane...