mercredi 23 mars 2011


Le verre dans la bouteille


DITS CHEZ TOTO

Il y a sur des marchés, des vendeurs de jouets, jeux de patience et des casse-têtes pas toujours chinois. Il existe un casse-tête qui enserre dans un entrelacs de bois et de ficelles une bouteille qu’on ne peut pas ouvrir sans connaître la solution de cet assemblage compliqué. Dans ce cas, une seule solution casser le goulot pour verser et boire le contenu. Aujourd’hui, derrière une vitrine, pour 75 euros, une bouteille vide en verre transparent contient à l’intérieur un verre à pied dont le pied est aussi le culot de la bouteille. Je n’ai jamais bu au goulot, toujours dans un verre à pied ou dans un « Duralex 24 made in France » modèle réfectoire. Si cette bouteille vide est pleine, il faut la casser pour attraper le verre qui est à l’intérieur, mais une fois cassée et le liquide répandu, on ne peut plus se servir un coup à boire ! Si elle est vide on peut admirer sa capacité de nuisance : une impasse totale.

Dans mon boulot, (dans mon goulot ? d’étranglement ?), je suis avec des enfants et je me « plains » d’avoir trop peu d’échanges avec des adultes au cours d’une journée. Je pourrais en avoir plus si je répondais à certains ou certaines. Ce que je faisais systématiquement auparavant ; toutes les occasions étaient bonnes pour boire un coup. Maintenant j’accepte moins les invitations (donc il y en a moins), plus d’alcool, fini, et marre des discours univoques, marre d’écouter des épanchements rébarbatifs. (Je bois moins les paroles).
Et puis dans mes ivresses, ( ma grand-mère qui buvait sec disait : - tant pire ! ) je parlais seul à ceux qui n’étaient pas là avec moi, et même à des gens qui ne m’avaient jamais adressé la parole et à qui je n’avais jamais parlé. Un peu comme tout à l’heure dans cette boulangerie : -woin woin, cri d’un bébé, - mon chéri, crie une maman et moi de répondre (dans ma tête, heureusement) - je me doutais bien que vous ne vous adressiez pas à moi ! Donc j’en voyais du monde dans une journée, illusions comprises.

Il y a eu cette réunion anniversaire entre alcooliques patentés et conjoints, parents ou enfants d’une personne qui boit trop. Les partages étaient émouvants notamment lorsqu’ils étaient très personnels. Mais tous finissaient par vanter les mérites de l’association qui les a tellement aidés. Qui, sans son existence et la manière avec la quelle elle procède, seraient morts à l’heure actuelle. Bon, à un moment j’ai trouvé que les thuriféraires de l’hagiographie de l’association commençaient à me peser. Si dans cette association j’y trouve encore mon compte, qu’il m’est agréable d’y venir, j’ai aussi quelques moments déplaisants en tête. Tout n’est pas bien. Par provocation, j’ai dit que j’étais arrivé dans cette soirée 100% alcoolique et qu’au fil des échanges je devenais à moitié alcoolique (à moitié alcoolo étant une régression puisque le programme vise à s’accepter totalement dépendant, ce qui est juste). Certains se sont marrés, d’autres on eut l’air de dire « mon pauvre, tu n’as rien compris » !
Je n’ai jamais eu le sentiment en arrêtant de boire de vivre un nouveau départ comme certains, rarement des alcooliques, aiment à le dire ; plutôt une continuité différente de ma vie. Peut-être est-ce dû à mon âge ? Ou bien est-ce dû au fait qu’alcoolique on l’était en buvant et qu’on le reste en arrêtant et devenant abstinent ? Continuité alcoolique avec ou sans alcool. Oui.

En sortant de cette réunion quelqu’un m’a dit que j’étais comme ces gamins qui aiment casser leur jouet ! Disons que je n’aime pas l’unanimité a priori, j’aime entendre une parole par forcément anti, mais discordante ; pour mieux apprécier la musique ?!

Je suis sorti guilleret de cette réunion. Et que vois-je sur le trottoir ? Un chariot à roulettes de super marché. Et voici que je l’embarque discrètement chez moi pensant que des roulettes, ça peut toujours servir ! Une fois monté au deuxième étage avec l’engin, je me suis dit que j’étais vraiment incurable : je n’avais pas besoins de roulettes (envie que les choses aillent comme sur des roulettes ?) et il ne me restait plus qu’à redescendre le chariot sur le trottoir sans me faire remarquer.

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